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Point de vue / Stellungnahme :

Lieber Charles Schneider.
Ein Abdanken kann das wohl nicht sein! Wir wissen alle, was unser Verein Culture et Bilinguisme de Lorraine-Zweisprachig unsere Zukunft Ihnen schuldet. Ganz sicher: nach Ihrem jahrzehntelangem, treuem Engagement werden Sie uns weiterhin begleiten!

Votre lettre m’a interpelé ; en fait elle va tout à fait dans le sens de ma réflexion personnelle. Et je ne peux qu’adhérer au bilan quelque peu désabusé que vous dressez.

Dans cette chronique je suis dans le rôle de celui qui pousse « le coup de gueule » -pardonnez l’expression. Alors permettez-moi d’y aller un peu plus brutalement. Et commençons par ces facteurs que vous citez et que nous avons coutume de pointer du doigt. « Le pouvoir politique » ? Disons-le franchement : la République qui ne respecte pas ses citoyens et voudrait gommer toutes les différences, couler les français dans un moule commun ; « nos élus », petits et grands ?  Ardents à vouloir se faire « plus français que les français » ; « les associations » ? Pour certaines d’entre-elles de doux rêveurs qui voudraient transformer leurs dogmes en réalité…. Tout cela est exact.

Mais je voudrais ajouter à cette énumération un autre élément ; et plus j’y réfléchis, plus il me semble primordial, voire même induire tous les autres. Je nomme les « Mosellans » : les Mosellans germanophones, d’expression dialectale, thiois -comme on veut- et ajoutons tous ceux qui ne parlent plus le dialecte, ne le parlent pas, bref les mosellans de notre région. Qu’avons-nous fait, que faisons nous, nous Mosellans, pour défendre notre patrimoine linguistique et culturel, notre originalité et pourquoi pas.. notre identité ?

Tout le monde a le droit, le devoir de s’opposer, de se dresser, de revendiquer dans le sens de son intérêt. Certes cela peut coûter très cher, selon les endroits et les circonstances dans lesquelles on se trouve. Rien de tel pour nous : en France, il n’y avait, il n’y a aucun risque à revendiquer son bon droit. Et pourtant nous ne le faisons pas, comme le font d’autres français, dans d’autres régions.

Pourquoi cette apathie ?

On peut apporter différents arguments. Le but n’est pas ici de faire une étude exhaustive de tous les facteurs qui ont influé, qui influent sur ce désintérêt. Citons-en quand même quelques-uns, pêle-mêle.
Il y a cette forme de « mal être » qu’on a instillé aux Mosellans il y a un siècle et qui poursuit nombre d’entre nous de manière inconsciente, sournoise . Une jeune femme à laquelle je disais il y quelques temps que mon grand-père avait servi sous le Kaiser, me fit la réponse suivante : « mais, il n’a pas eu honte de trahir ? » Témoignage d’un passé non assumé.
Il y a cette résignation, ce comportement atavique qui nous mène à courber l’échine dans l’adversité : héritage d’une histoire mouvementée qui nous a appris à survivre en composant avec la situation. Nos amis alsaciens, eux, savent s’affirmer.
Il y a l’ignorance, la méconnaissance des réalités locales. Un ancien mineur de mon village auquel je posais la question : « Ja, wat ìss dânn dat Ditsch, wù mir schwätzen?», me répondit : « ach, dat ìss kéi richtig Spròch, dat ìss eppes, wù mir vèn d’r Grùw mìtbraat hânn ». Il a fallu que je lui rappelle, qu’enfant -il n’était pas encore mineur- on ne parlait que ce dialecte à la maison, que ses grands-parents qui n’avaient jamais mis un pied à la mine, parlaient cette même langue. Ce brave homme n ‘avait en fait aucune conscience du lien qui unit le dialecte et la Hochsprache, qu’il savait par ailleurs très bien parler avec ses parents rhénans !
Il y a cette argumentation fallacieuse qui a été distillée, avec l’aide des maîtres de l’école, encore au lendemain de la seconde guerre mondiale : « parler le dialecte nuit à l’apprentissage du français » ; « on ne peut apprendre deux langues à la fois », « parler le dialecte diminue les chances sociales de nos enfants » ; et toute une génération de parents – pas les miens – s’est mise à (ne plus) parler (qu’)en français aux enfants, provoquant ainsi une perte de compétence langagière dramatique.
Il y a -et j’en terminerai là- cette génération actuelle de jeunes et moins jeunes qui se laisse envoûter par les sirènes du discours public qui voudrait que la lingua franca soit ou devienne l’anglais, la mode à l’espagnol et que l’allemand « ça ne sert à rien», comme le martelait récemment un journaliste bien connu sur une radio nationale.

J’en passe.
Mais encore…
Car nous sommes là au cœur du problème.
« Lueur d’espérance »  ?

Comment faire prendre conscience à nos concitoyens qu’ils sont partie prenante, acteurs d’une communauté avec SA langue et SA culture particulières, au même titre que les Bretons en Bretagne, les Basques en Pays Basque ou les Corses et d’autres. Et par voie de conséquence, comment faire en sorte que nos concitoyens s’associent à l’exigence de reconnaissance et au respect de leur droit. Comment faire en sorte qu’ils s’engagent pour la préservation et la défense de leur droit ?

Il existe des associations qui se donnent pour mission de cultiver cette culture locale, des individualités qui portent ce projet. C’est très bien ! Mais tout cela apparaît au commun de nos concitoyens tellement décalé que cela devient presque de l’ordre du folklore.

CBL, notre association, est confrontée au même problème.
Manque d’adhésion, manque d’engagement à l’interne, manque d’audience, manque de recrutement à l’externe, manque de renouvellement….

« Lueur d’espérance », dites-vous en citant quelques initiatives ça et là.
Pas tant que les Mosellans ne se prendront pas eux-mêmes en main !

Aide-toi et le ciel t’aidera !

Armand Zimmer

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